Un Space sous le signe de la crise sanitaire et politique
Rendez-vous attendu de la rentrée agricole, le salon de l’élevage de Rennes doit composer cette année avec un nombre d’animaux réduit en raison des épizooties de FCO et de dermatose nodulaire contagieuse. Face aux attentes des éleveurs sur cette question comme sur les autres sujets d’actualité, la ministre de l’agriculture, présente mais démissionnaire, n’a pas pu s’exprimer.
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Après une édition sans ministre en 2024, le 39ème Space a été inauguré le 16 septembre en présence d’Annie Genevard, cantonnée aux affaires courantes en attendant le prochain gouvernement. Et si l’instabilité politique semble récurrente d’une année sur l’autre, c’est aussi le cas des maladies animales. À la FCO et la MHE qui avaient déjà frappé le monde de l’élevage l’an passé s’ajoute cette année la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), aux impacts non négligeables sur les transports d’animaux.
Entre la frilosité des GDS face au risque de propagation des maladies, et les animaux testés positifs à la FCO, le nombre de bovins présents a été réduit de moitié, et les concours prévus sont finalement de moindre envergure, quand ils n’ont pas été annulés. Les concours Salers et Prim’holstein ont ainsi été maintenus, mais pas pour les races Montbéliardes, Limousines, Charolaises, Jersiaises ou Normandes cette année.
« On ne pouvait pas imaginer un Space sans animaux »
La situation nécessite de trouver « des solutions collectives », sur le long terme, d’autant plus que les conséquences se feront encore sentir l’année prochaine sur les exploitations, explique Jean-Yves Rissel, responsable des présentations animales. Il faut « écouter le mal-être des éleveurs », insiste-t-il auprès de la ministre, rappelant l’importance de la vaccination.
« L'année prochaine vous serez mieux immunisés », a estimé Annie Genevard auprès des éleveurs, défendant la stratégie mise en place pour la FCO, mais également pour la DNC. Concernant le salon, des règles sanitaires « inédites » ont été mises en place, indique Jean-Yves Rissel, car « on ne pouvait pas imaginer un Space sans animaux ».
C'est aussi l'avis de la majorité des lecteurs de Web-agri, pour qui un salon sans concours ni présentations animales perdrait en effet beaucoup de son intérêt. Ils sont ainsi 35 % à ne pas vouloir se rendre sur un salon sans animaux, 31 % estiment qu’ils iraient quand même, mais que l’évènement serait moins attractif, et 18 % viendraient de toute façon, ne fréquentant pas habituellement ces évènements pour cette raison. Les 16 % restants ne visitent pas les salons.
Le Space, un lieu de « solutions concrètes »
Pour Didier Lucas, président du Space, le contexte sanitaire ajoute une pression supplémentaire face aux incertitudes politiques, géopolitiques et climatiques. D’autant plus que si les prix ont connu une embellie dans les filières bovines, c’est à cause du manque d’offre. « La pénurie ne peut pas être une stratégie », a rappelé le président du salon devant Annie Genevard, évoquant l’importance de l’attractivité du métier dans un contexte de nécessaire renouvellement des générations.
Le Space, « lieu unique d’anticipation, d’innovation et de solutions concrètes » joue ainsi pleinement son rôle face à ces défis, estime-t-il. Le salon se veut une vitrine de la génétique bovine, une référence mondiale, en témoigne le nombre important de délégations internationales attendues cette année (autour de 120) et un carrefour de réflexion face aux enjeux actuels et à venir avec l’Espace pour demain, consacré cette année à l’intelligence artificielle.
Sur fond de mobilisations syndicales
Pour les syndicats agricoles, le Space reste également un lieu d’expression. Le traitement de la DNC et le choix de l’abattage total des cheptels touchés avait déjà soulevé la colère, durant l’été, de la Confédération paysanne et de la Coordination rurale, et les deux syndicats ont profité du salon pour se mobiliser une nouvelle fois, chacun de leur côté.
Avec un action symbolique, la Confédération paysanne entendait surtout dénoncer à nouveau la stratégie de lutte contre la DNC et « le manque d’anticipation de l’État ». Face aux impacts des maladies, le syndicat demande davantage de soutien financier aux éleveurs, notamment pour indemniser les conséquences indirectes de la FCO (baisse de production, de fertilité, animaux moins bien valorisés...).
La Coordination rurale avait de son côté lancé un appel plus large aux « gueux, paysans et pêcheurs » à se mobiliser contre les normes « injustes », les « importations massives incontrôlées », les taxes. Le syndicat attend également l’application de la loi Duplomb.
La FNSEA, également en attente des décrets de la loi, a quant à elle appelé son réseau à manifester le 26 septembre.
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